Pourquoi tant d’élèves n’osent-ils pas poser de questions en classe ? Analyse des freins à l’expression

Sommaire

Dans la plupart des salles de classe, un phénomène se répète jour après jour : alors même que les enseignants invitent les élèves à s’exprimer, seuls quelques-uns lèvent la main. Les autres gardent leurs interrogations pour eux, au risque de laisser des zones d’ombre s’installer dans leurs apprentissages.

Ce silence n’est pas anodin. Il reflète un ensemble de mécanismes sociaux, psychologiques et pédagogiques que la recherche commence à mieux comprendre.

 

1. La peur du jugement : un facteur sous-estimé

Plusieurs études montrent que le principal frein à la prise de parole n’est pas l’absence de questions, mais la peur d’être mal perçu.
Selon une recherche publiée dans PLOS One en 2024, les élèves craignent en priorité :

  • de poser une question jugée “trop simple”,
  • d’être associés à un manque de compréhension,
  • ou de détourner l’attention du groupe.

Source :
https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0297771

Cette tension sociale touche autant les élèves réservés que ceux qui réussissent très bien : l’enjeu n’est pas tant la compétence scolaire que la gestion du regard d’autrui.

 

2. Une culture scolaire qui valorise parfois la bonne réponse plutôt que la bonne question

Dans de nombreux contextes éducatifs, la participation orale est évaluée, mais la formulation de questions l’est beaucoup moins.
Or, comme le rappellent plusieurs travaux pédagogiques, poser une question :

  • demande une prise de risque,
  • implique d’exposer son état de compréhension,
  • nécessite une forme d’autonomie intellectuelle.

Le Chartered College of Teaching souligne dans une synthèse que beaucoup d’élèves n’ont jamais appris à poser des questions académiques, ce qui rend l’exercice intimidant.

 

Source :
https://my.chartered.college/research-hub/encouraging-students-to-ask-questions-in-the-classroom/

 

3. Un manque d’espace structuré pour questionner

Les moments dédiés au questionnement sont souvent réduits à la fin du cours (“Des questions ?”).
Pour beaucoup d’élèves, ce cadre est trop large et arrive trop tard : les incompréhensions se sont accumulées, et l’occasion de les exprimer est passée.

Les recherches du Right Question Institute montrent qu’un cadre explicite, guidé et ritualisé augmente fortement la quantité et la qualité des questions posées.

 

Source :
https://rightquestion.org/resources/research-on-the-impact-of-student-questions-on-learning/

Créer une routine simple — “note une question, partage-la en binôme, puis en classe” — change profondément la dynamique.

 

4. Les conséquences sur l’apprentissage

Le manque de questionnement ne se contente pas d’entraver l’expression orale : il affecte directement la compréhension.
Un élève qui ne questionne pas :

  • avance avec des représentations incorrectes,
  • perd confiance en sa capacité à comprendre,
  • adopte des stratégies de contournement (“mémoriser au lieu de comprendre”),
  • se détourne progressivement des matières jugées difficiles, comme les maths.

À long terme, cette inhibition peut contribuer aux écarts de performance observés entre élèves à compétences équivalentes.

 

5. Ce que peuvent faire les enseignants : micro-gestes et routines

Les pratiques pédagogiques influencent fortement la propension à poser des questions. Plusieurs leviers simples émergent dans la littérature :

Dédramatiser l’erreur

Répondre aux questions sans jugement, remercier l’élève, valoriser la curiosité.

Proposer des formats anonymisés

Boîtes à questions, post-it, tableaux numériques.

Introduire des “questions-modèles”

Pour aider les élèves à formuler, par exemple :
« Je ne comprends pas pourquoi… »
« Quelle est la différence entre… ? »
« Est-ce que l’on pourrait refaire… ? »

Fractionner les temps de questions

Un court moment après chaque étape d’explication permet d’éviter l’accumulation.

 

6. Quand les ressources externes complètent le questionnement en classe

Certains élèves trouvent plus facile de poser leurs questions en dehors du cadre scolaire, lorsqu’ils sont accompagnés individuellement ou dans des environnements moins formels.
Les séances de soutien scolaire à domicile, de cours particuliers ou d’aide aux devoirs offrent souvent un espace plus sécurisant où les élèves n’hésitent plus à exprimer ce qu’ils n’ont pas compris.

De nombreuses ressources existent aujourd’hui pour accompagner ce questionnement complémentaire. Parmi les sites spécialisés, certaines listes de contenus pédagogiques s’appuient sur le travail de Le Prof Parisien, que l’on retrouve à Paris par exemple au sein de ressources associées à l’enseignement et à l’accompagnement scolaire.

Ces supports illustrent comment un professeur particulier peut aider un élève à formuler ses interrogations, là où la dynamique de groupe rendait cela difficile.

 

7. Vers une culture scolaire qui valorise la question autant que la réponse ?

Encourager les élèves à questionner suppose un changement progressif de posture :
du silence comme conformité, à la parole comme outil de construction du savoir.

Les recherches récentes convergent :
les questions formulées par les élèves sont parmi les meilleurs prédicteurs d’un apprentissage profond.

Elles révèlent la compréhension réelle, montrent l’évolution des représentations, et transforment la classe en un espace d’exploration plutôt que de performance.

Le défi n’est donc pas d’apprendre aux élèves à répondre, mais de leur redonner le courage de demander.

 

 

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